Un DPE enfin fiable ? Le gouvernement muscle le jeu !
Le diagnostic de performance énergétique (DPE) est devenu en quelques années un élément central du marché immobilier. Obligatoire lors de la vente ou de la location d’un bien, il influe directement sur la valeur d’un logement, sa rentabilité locative, ou encore sur la capacité d’un propriétaire à obtenir un crédit ou des aides.
Mais malgré son importance croissante, le DPE a longtemps souffert de manques de fiabilité, d’incohérences et de fraudes. En réponse à ces critiques récurrentes, le gouvernement a décidé de passer à l’offensive.
Depuis juillet 2025, deux décrets publiés au Journal Officiel viennent renforcer les obligations des diagnostiqueurs, fiabiliser les données, et mieux contrôler l’ensemble du dispositif. L’objectif ? Que le DPE devienne enfin un outil crédible et incontestable.
Le DPE, un document aux conséquences majeures
1. Un impact direct sur le droit de louer ou vendre
Depuis la loi Climat et Résilience, les logements classés G sont progressivement interdits à la location :
- Interdiction de nouvelle mise en location dès janvier 2025
- Obligation de rénovation pour continuer à louer à partir de 2028
- Sanctions possibles en cas de fausse déclaration ou de manquement
2. Une influence sur la valeur du bien
Les études de notaires montrent qu’un bien classé A ou B peut se vendre jusqu’à 15 % plus cher qu’un bien équivalent classé F ou G. Le DPE devient ainsi un argument commercial.
3. Une condition d’accès aux aides publiques
De nombreuses aides, comme MaPrimeRénov’, ne sont accordées qu’aux logements classés E, F ou G, à condition de viser un gain de 2 classes énergétiques minimum. Un DPE erroné peut donc bloquer une demande de subvention.
🔍 Ce qui change avec les décrets de juillet 2025
1. Résultat valide uniquement après enregistrement à l’Ademe
Désormais, un DPE ne sera juridiquement valable que s’il est enregistré dans la base de données de l’Ademe. Un numéro unique sera attribué automatiquement.
Objectif : éviter les DPE « fantômes » ou modifiés après émission.
🔗 En savoir plus : observatoire-dpe.ademe.fr
2. Un QR code obligatoire sur chaque DPE
Tous les DPE devront inclure un QR code renvoyant au rapport officiel stocké par l’Ademe. Cela empêchera les documents falsifiés ou modifiés a posteriori.
3. Détection automatique des incohérences par intelligence artificielle
Une analyse statistique automatisée des DPE sera réalisée à l’échelle nationale :
- Surveillance des diagnostics « extrêmes »
- Détection d’écarts sur logements similaires
- Déclenchement de contrôles automatiques
Vers une profession plus encadrée
4. Des sanctions renforcées contre les diagnostiqueurs frauduleux
- Suspension jusqu’à 24 mois
- Liste noire nationale
- Perte immédiate de certification
5. Contrôles renforcés des organismes certificateurs
Le Cofrac devra auditer les centres de certification tous les 10 mois (au lieu de 18).
6. Une réforme de la formation des diagnostiqueurs
Création d’un parcours post-bac, encadré par l’État, avec modules techniques, juridiques et stages pratiques. Un ordre professionnel pourrait voir le jour.
En pratique : ce que devront faire les professionnels dès 2026
- Utiliser un logiciel certifié connecté à l’Ademe
- Fournir un QR code sur chaque rapport
- Archiver toutes les preuves de calculs (plans, photos, métrés)
- Transmettre les fichiers XML sur demande
Pourquoi cette réforme était urgente ?
1. Des incohérences trop fréquentes
Plusieurs études révèlent que près de 40 % des DPE comportaient des erreurs : surfaces mal mesurées, équipements oubliés, logements classés différemment selon le diagnostiqueur.
2. Des cas de fraudes avérées
- DPE réalisés sans visite
- DPE favorables systématiques
- Rapports copiés d’un client à l’autre
Et pour les particuliers : que faut-il retenir ?
Vous êtes vendeur ou bailleur :
- Choisissez un diagnostiqueur certifié
- Vérifiez l’enregistrement à l’Ademe
- Assurez-vous que le rapport contient un QR code
Vous êtes acquéreur ou locataire :
- Scannez le QR code
- Comparez avec le site officiel
- Demandez les justificatifs si doute
Le rôle stratégique du DPE dans la transition énergétique
Un DPE fiable permet de :
- Prioriser les aides à la rénovation
- Évaluer correctement les biens à rénover
- Réduire les émissions du parc immobilier
Ce que disent les professionnels
“Cette réforme était indispensable. Le DPE est trop central aujourd’hui pour rester aussi flou.”
— Jean-Baptiste Olivier, Président de la FIDI
“Les abus de certains diagnostiqueurs faisaient du tort à toute la profession.”
— Sophie Le Goff, Diagnostiqueuse indépendante
Les liens utiles pour aller plus loin
- Décrets n°2025-784 et 2025-785
- Observatoire DPE (Ademe)
- Liste des diagnostiqueurs certifiés
- Cofrac – Accréditation
En résumé
| Nouveautés | Impacts | 
|---|---|
| QR code obligatoire | DPE vérifiable instantanément | 
| Enregistrement Ademe requis | Fin des documents falsifiés | 
| Sanctions renforcées | Moins d’abus, plus de confiance | 
| Détection IA des incohérences | Professionnalisation du secteur | 
| Formation renforcée | Vers un vrai métier réglementé | 
Conclusion : un vrai tournant pour la crédibilité du DPE
Avec cette réforme ambitieuse, le DPE entre dans l’ère de la rigueur et de la transparence. Les contrôles renforcés, la certification numérique, et les outils technologiques visent à rétablir la confiance. Un bon DPE, c’est aussi un logement bien valorisé, un bailleur rassuré, un locataire protégé… et un climat préservé.
« Dans un marché de plus en plus normé, cette réforme va dans le bon sens. Pour les investisseurs en meublé (LMNP), un DPE fiable est stratégique : il impacte la valorisation du bien, la possibilité de le louer (critères F/G), et influence même l’accès à certaines aides. Un DPE solide, c’est aussi un argument de négociation , que ce soit à l’achat ou à la location. Mon conseil : faire refaire le DPE par un diagnostiqueur certifié et suivre les nouvelles règles de près. Le risque de contentieux ou de déclassement injustifié sera fortement réduit. »
 
				